En 1960, il n'y avait qu'une seule classe de licence radioamateur. L'apprentissage du Morse était une barrière
infranchissable pour un certain nombre de candidats, et certains ont purement renoncé à l'émission d'amateur. Ceci
est réellement dommage, car je suis convaincu que l'apprentissage du Morse est à la portée de tout le monde, et
sans doute encore plus facilement aujourd'hui.
On se réfère le plus souvent à deux méthodes pour l'apprentissage du Morse :
LA METHODE KOCH
Cette méthode est dûe au psychologue allemand Ludwig KOCH de l'Institut psychologique de l'Université Technique de BRAUNSCHWEIG qui avait publié en février 1936 (Revue de psychologie appliquée
et d'études de caractère, volume 50 cahiers 1 et 2, février 1936) une nouvelle méthode
de formation pour les opérateurs radio intitulée :
"Arbeitspsychologische Untersuchung der Tätigkeit bei der Aufnahme von Morsezeichen, zugleich ein neues Anlernverfahren für Funker."
ce qui signifie :
"Etude psychologique du travail lors de la réception des signaux Morse, ainsi qu'une nouvelle méthode d'apprentissage pour les opérateurs radio".
L'armée allemande avait effectivement besoin de former un très grand nombre d'opérateurs radio...
La méthode Koch consiste à apprendre dès le début 2 caractères quels qu'ils soient, mais on commence généralement par les lettres K et M, à une vitesse normale de trafic,
par exemple 20 wpm (mots par minute), que l'on transcrit sur papier ou que l'on tappe au clavier. La vitesse de 20 wpm (mots par minute) ne permet pas à l'élève de compter les points et les traits,
mais de reconnaître la musique de la lettre ou du signal, tout comme on retient une chanson.
C'est le principe de base que j'ai retenu dans le cours de télégraphie que je propose en tête du menu de cette page.
On cultive ainsi l'acquisition de réflexes, (réflexes acquis et non innés) tout comme on apprend à freiner devant un obstacle quand on apprend à conduire.
Une fois parfaitement les caractères mémorisés
et reconnus sans effort, on leur ajoute un caractère supplémentaire et ainsi de suite.
Cette méthode est efficace, mais la durée d'apprentissage varie en fonction de l'âge de l'élève, soit de deux ou trois semaines quand on a une vingtaine d'années, ou 5 à 6 mois quand on est retraité !
LA METHODE FARNSWORTH
La méthode FARNSWORTH apparue vers 1960 a un regain d'intérêt récemment. Elle consiste à transmettre des caractères à une vitesse supérieure à celle des mots. Cela mérite une petite explication :
Il n'existe pas à propprement parler de "standard" pour définir la cadence de transmission avec la méthode FARNSWORTH.
Par exemple, on transmet des caractères à la vitesse de 20 caractères par minute, mais on intercale un intervale suffisamment long entre eux pour que la vitesse globale du message
diminue à 10 mots par minute.
Tout comme dans la méthode KOCH, la vitesse des caractères à 20 mots/minute ne permet pas à l'élève de compter les points et les traits. Le débutant commence à
des vitesses très lentes. Par exemple, dans les écoles militaires, on compte en mots/heure en partant de 360, puis on progresse par bonds de 60 mots heure, soit 360-480-540-600- et ainsi de suite jusqu'à 1800. Au dela,
on commence par être un virtuose du morse.
De son côté, l'ARRL recommande d'adopter une cadence de 18 mots par minute pour les lettres, puis d'intercaler un espace suffisant pour que la vitesse de transmission se réduise à 12 mots par minute.
Le cours de télégraphie que je propose sur mon site associe les méthodes KOCH et FARNSWORTH. De plus elle fait appel au côté musical de certains caractères, ou plus précisément d'expressions
de deux ou trois caractères les plus utilisées dans le trafic radioamateur : CQ - GM - RST - etc..
MA PETITE EXPÉRIENCE :
Certains copains avaient appris le Morse chez les Scouts, mais en général c'était pour communiquer par signaux optiques
très lents. L'alphabet Morse était paru dans le journal de Mickey, puis figurait dans chaque édition du dictionnaire
Larousse en plus complet.
Ayant appris d'abord à manipuler à l'âge de 7 ans, je rencontrai des difficultés pour apprendre à lire au son.
C'est huit années plus tard, grâce à mon ami Oscar qui effectuait son service militaire dans les Transmissions, que je parvins à lire à des vitesses de l'ordre de 600 mots à l'heure
(50 caractères/mn ou 10 mots de 5 lettres/mn), vitesse de l'examen, ce qui était nettement insuffisant.
Oscar m'entraîna à lire à plus de 1500 mots / heure (125 caractères/mn ou 25 mots/mn, et même un peu au-delà, afin d'être sûr que le jour de l'examen, je puisse lire
la manipulation de l'inspecteur, même sous l'emprise de l'émotion. Je lui dois beaucoup, car c'est exactement ce qui arriva.
J'ai passé également beaucoup de temps à écouter le trafic amateur en télégraphie, ainsi que les stations commerciales qui
transmettaient jusqu'à 1800 (150 car/mn ou 30 mots/mn), voire 2400 mots/heure (200 car/mn ou 40 mots/mn).
Aujourd'hui, dans les concours, les vitesses atteignent même 55 mots/mn, ce qui est considérable, surtout pendant
tout un week-end ! Oui, mais il existe maintenant des décodeurs automatiques sur ordinateur ou smartphone, mais cela n'a pas le même charme.
Oscar me fit commencer par réapprendre à former les lettres en traçant celles-ci d'un seul coup de crayon.
Puis, je me suis entraîné le plus tôt possible à lire avec au moins deux caractères de retard, et plus tard deux groupes de 5 lettres.
Il existe de nombreuses méthodes d'enseignement de la télégraphie, mais j'avoue qu'après avoir formé à mon tour de nombreux
opérateurs, tant en école de Transmissions qu'en radio club, je n'ai aucune préférence, car tout dépend
des dispositions de chacun.
Certaines méthodes préconisent de commencer par les lettres simples, composées de points (E-I-S-H-5), puis de traits (T-M-O-CH-zéro), puis on passe
aux lettres composées de 3 signaux traits et points (A-N-K-R-G-W-D-U), puis de 4 signaux (B-V-C-Q-J-F-L-P-X-Y-Z),
puis les chiffres et les signaux spéciaux. La méthode a fait ses preuves, surtout à l'armée: les élèves apprenaient
quelques lettres manipulées par l'instructeur, puis ils passaient en salle de L.A.S. (Lecture Au Son) et lisaient
pendant des heures les séries de lettres manipulées par des KEYERS à bande papier à lecture optique. Les Keyers comportaient un réglage de vitesse
qui permettait de s'entraîner jusqu'à 1800 mots/heure (30 mots à la minute), ce qui était largement suffisant pour
passer les brevets de Transmetteur "151" et "251".
J'ai cependant remarqué que certains élèves éprouvaient des difficultés du fait que la méthode groupe les caractères
par familles ou symétrie, ce qui au lieu de les aider, entraîne parfois des confusions. En ce qui me concerne,
j'ai appris dans un ordre aléatoire, ce qui ne m'a pas empêché d'atteindre rapidement les vitesses pratiquées
dans les concours (WORLD WIDE DX CONTEST en 1961).
Plus tard, entre 1966 et 1968, au RADIO-CLUB d'Argenteuil, nous réaliserons un laboratoire de L.A.S.,
avec possibilité de niveaux différents, ce qui permettra à la plupart des membres de passer la licence de radioamateur avec
succès.
Pour documentation, voici un exemple de laboratoire de lecture au son réalisé au début des années 1980 par la
société SATI (pro de F2QH), pour le compte de la firme OPELEM, et différentes administrations à l'Export.
Spécialiste des laboratoires de langues et d'équipement d'interprétation simultanée, il fut aisé d'associer les
deux technologies. Le pupitre instructeur permettait le dispach des programmes sources, l'écoute des élèves,
l'intervention de l'instructeur, la composition de réseaux d'intercom élèves. Les magnétophones comportaient
36 vitesses étalonnées en mots/heure (360 à 2400 mots/h) pilotant un oscillateur stable de 800Hz.
La capacité pouvait atteindre 24 élèves, chacun d'eux disposant d'une platine d'écoute encastrable avec réglage de volume et
prise casque, un manipulateur droit DYNA, un casque d'écoute haute impédance LEM
Aujourd'hui, l'informatique apporte des moyens didactiques considérables dont nous ne disposions pas à l'époque.
Les jeunes qui veulent bien s'en donner la peine progressent beaucoup plus vite qu'autrefois. On le remarque bien
lors des concours internationaux, où de jeunes opérateurs, souvent en radio-clubs, trafiquent avec une assurance
extraordinaire. La télégraphie est aussi un excellent stimulateur pour conserver la meilleure congnitivité de nos neurones, même et surtout à un âge avancé.
Même si l'on ne dispose pas d'un récepteur de trafic ni d'antenne, entrez dans votre moteur de recherche "WEBSDR", et vous pourrez écouter le monde entier dans tous les modes, dont la télégraphie.
Et là, vous vous plierez à l'évidence :
LOIN DE LÀ, LE MORSE N'EST PAS MORT !