I - LES MANIPULATEURS CLASSIQUES :
LA PIOCHE OU MANIPULATEUR DROIT :
C'est le plus ancien des manipulateurs, mais il est toujours employé. Par exemple en grand DX la vitesse de
transmission doit être modérée, et parfaitement cadencée. Le manipulateur pioche est encore une bonne solution
à condition de s'appliquer, de bien respecter la proportion entre la durée des points, des traits et des espaces.
Le radioamateur moderne doit toujours avoir sous la main un manipulateur droit, quitte à le brancher en permanence
sur le jack "KEY" de son émetteur en parallèle avec son manipulateur électronique ou sur un jack dédié de son émetteur.
Voici quelques conseils extraits du célèbre ouvrage de Jean Brun "La lecture au son et la transmission morse rendues
faciles" :
1° C'est l'avant-bras qui manipule, et non la main ou les doigts ;
2° C'est l'articulation du poignet qui transmet au manipulateur les mouvements cadencés de
l'avant-bras, le poignet doit jouer librement ;
3° Poignet, main et doigts ne doivent jamais être raides ni crispés ;
4° Placer le corps de manière à ce qu'étant prêt à manipuler, l'avant-bras, le poignet, la main et le levier
du manipulateur soient sur la même ligne. Toute autre position est défectueuse, nuit à la bonne formation
des signaux et fatigue rapidement l'épaule ou le bras ;
LA "LAME DE SCIE" OU MANIPULATEUR LATERAL A DOUBLE CONTACT :
Le "double contact" a été très populaire dans les années 1950/1980. Pourtant
son utilisation a été interdite chez les professionnels, mais il fut pratiqué malgré cela dans l'aviation et dans
des grandes organisations. Passant tous les jours en allant au lycée, devant la vitrine de CENTRAL RADIO,
rue de Rome à Paris, un jour de 1960 je craquai pour un manipulateur à double contact MANIFLEX de la firme
française DYNA.
Je l'ai utilisé dès les premiers mois suivant ma licence jusqu'à ces derniers temps, tant en station fixe
qu'en portable ou même mobile et surtout pendant les concours. Je l'avais même installé dans ma RENAULT 16 entre
les deux sièges avant, et c'est ainsi que j'ai pu faire des QSO's nombreux, dont un en continu avec F6ARD en
rentrant de Sarlat vers Paris ! (600km).
Voici un résumé des conseils que j'ai appris en lisant le livre de Jean Brun :
Dans ce système de manipulateur, le poignet ne fatigue plus, car la main repose sur la table.
Le mouvement est opéré, non plus de haut en bas par un levier rigide, mais latéralement avec une lame
flexible formant ressort.
Les contacts se font dans les deux sens, de droite à gauche et de gauche à droite. On peut ainsi transmettre à
grande vitesse des signes nettement cadencés.
Dans le Maniflex DYNA (fig. 13), les contacts latéraux sont en tungstène. La tension de ressort du levier
flexible est réglable par glissière. Le jeu latéral est réglable par une double vis avec contre-écrou.
La clef de la méthode d'apprentissage réside dans le libre jeu du poignet qui sert de charnière entre
l'avant-bras fixe, posé sur la table, et la main à qui le poignet transmet un léger déplacement de droite à
gauche, et de gauche à droite, pour la formation des signaux.
L'avant-bras fixe, le poignet, la main et l'extrémité du levier flexible sont sur la même ligne.
Il faut éviter de serrer l'extrémité isolée du levier entre le pouce et l'index, mais pousser la lame
alternativement avec ces deux doigts, que l'on tient écartés de un à deux centimètres, en forme de pince.
Après avoir formé normalement une lettre ou tout autre signal, le pouce et l'index doivent quitter le
levier, qui revient de lui-même se placer à égale distance des deux contacts.
Les points et les traits sont formés sur l'un quelconque des deux contacts ; mais le levier doit
constamment passer d'un contact à l'autre, c'est-à-dire que l'on ne doit jamais frapper deux signes élémentaires
successifs sur la même butée.
Pour transmettre sans coller les signaux, le deuxième signe doit toujours être attaqué sur le contact
opposé à celui sur lequel on a terminé le signe précédent.
Principes essentiels.
- C'est le poignet qui commande la manipulation, et non l'avant-bras ; le poignet, la main et les doigts ne
doivent jamais être crispés.
- La tenue du manipulateur doit être légère, et la transmission doit être l'exécution, - fidèle et
synchronisée, - des commandes du cerveau : ON NE DOIT MANIPULER QUE CE QUE L'ON PENSE.
- On ne doit apprendre à transmettre au Maniflex que si l'on possède déjà une bonne cadence à la clé
Morse simple.
Bien que piqué par l'oxydation, mon bon vieux MANIFLEX figure toujours sur ma table de station,
et je l'enmène systématiquement en vacances avec mon portatif FT817.
J'aime sa souplesse, sa régularité, mais il faut bien l'avouer, le rapport traits/points n'est pas toujours
respecté, et une oreille exercée l'identifie aisément.
En février 1962, F8LA décrivit un manipulateur électronique à tubes. J'en réalisai un, mais j'eu toutes les
peines du monde à le régler, surtout lorsque je souhaitais changer de vitesse. Finalement je l'ai très peu utilisé.
J'ai du séparer les deux contacts latéraux de mon MANIFLEX d'un coup de scie, mais je l'ai regretté.
LE MANIPULATEUR SEMI-AUTOMATIQUE MECANIQUE OU "VIBRO":
Il fut inventé en 1905 aux Etats-unis par Horace Martin. Il comporte un levier à déplacement horizontal doté d'une
palette plate pour le pouce et d'un bouton pour l'index. Le levier est prolongé par une tige flexible sur laquelle
coulisse une masselotte, ce qui par vibrations sur un contact déclenche une série de points.
En pressant vers la gauche avec l'index, un contact continu est établi aussi longtemmps que dure la pression.
Ceci permet donc de transmettre des traits manuellement.
En pressant vers la droite avec le pouce, une série de points est envoyée de manière automatique, aussi longtemps
que peut vibrer la tige flexible. La vitesse de transmission des points est réglable en faisant coulisser la
masselotte.
Ce manipulateur permet des transmissions jusqu'à des vitesses d'environ 40 mots/minute.
Le Vibroplex, ainsi que tous les modèles dérivés produits par des firmes du monde entier, a eu un immense succès.
Ils constituent de véritables objets d'art et de précision. Une version française sous le nom de VIBROMORS était vendue en France par RADIO-LUNE,
10 rue de la lune 75002 PARIS, juste à côté de la célèbre ECOLE CENTRALE DE T.S.F. au 12 de la même rue. En entrant le mot VIBROPLEX
ou MANIPULATEUR SEMI-AUTOMATIQUE dans un moteur de recherche, on peut visiter des sites de collectionneurs
passionnés et admirer l'ingéniosité des différents créateurs et la beauté de ces instruments.
En revanche, le "Vibro" ne permet pas de faire varier aisément la vitesse en cours de liaison et le rapport
de la durée points-traits n'est pas toujours respecté.
LE MANIPULATEUR ELECTRONIQUE SIMPLE PALETTE :
Il s'apparente au Vibroplex, mais les traits sont également produits de manière automatique, au moyen de
cicuits électroniques. Il peut être complété par une mémoire qui permet de stocker des messages
courts, tels que l'appel général, l'indicatif ou différents codes. Il est plus
reposant que le Vibroplex, ce qui explique qu'il soit très utilisé depuis de nombreuses années déjà.
Selon les réalisations, on peut régler de nombreux paramètres en plus de la vitesse : la durée des points et des
traits, le rapport point/trait, la durée des espaces, etc..
De nombreuses réalisations ont été publiées dans les revues radioamateur, sur la base de circuits à composants
discrets, puis de PIC's et de microprocesseurs. Des programmes pour ordinateur permettent aussi la transmission
et l'entraînement, en connectant un manipulateur à double contact sur un port du PC.
D'excellentes réalisations commerciales "clé en main" ou en kits sont disponibles sur le marché radioamateur et la
plupart des transceivers modernes comportent un "KEYER" électronique intégré.
LE TERMINAL ALPHANUMERIQUE :
A la fin des années 1970 on vit apparaître des terminaux spécialisés avec clavier permettant de
générer et de décoder toutes sortes de codes dont le morse, soit en temps réel, soit à partir de textes stockés en mémoire.
Ces claviers ont surtout été conçus au départ pour transmettre en radiotélétype, voire en modes numériques.
Les plus petits micro-ordinateurs permirent de générer et de décoder du morse dès le début des années 1980 et il existe
actuellement de nombreux programmes pour ordinateur permettant tous les modes de transmission possibles et imaginables.
Toutefois, le plaisir du trafic en morse avec un clavier alphanumérique n'est pas le même, et peu d'OM's utilisent
cette méthode pour le trafic en Morse.
II - LA TELEGRAPHIE MODERNE : LES MANIPULATEURS ÏAMBIQUES.
C'est le type de manipulateur moderne par excellence.
Ïambe : "Dans le poésie ancienne, pied composé d'une brève et d'une longue" (Larousse)
Ïambique : Se dit de vers où le pied pur est l'ïambe = des vers ïambiques.
Poésie ïambique : Une des formes de la poésie lyrique grecque qui a pour élément essentiel l'ïambe.
En anglais : Iambic (pas de tréma)
Nota : en français, le I de ïambique comporte bien un tréma...mais les catalogues des fournisseurs et
la plupart des auteurs l'écrivent avec un "i" simple.
Les manipulateurs "iambiques" comportent deux palettes à déplacement horizontal. La palette de gauche,
actionnée par le pouce (contact par déplacement vers la droite) permet la transmission d'une série de points.
La palette de droite, (contact par déplacement vers la gauche) transmet une série de traits.
Si on presse simultanément les deux palettes, on transmet une série alternée de points et de traits.
La série commencera par un point si on presse en premier la palette gauche et inversement.
Par convention, la palette gauche est réservée aux points, la palette droite aux traits. Ceci a sans doute pour
origine le "VIBROPLEX" qui était ainsi conçu. Mais il est tout à fait concevable d'inverser cette disposition
pour convenance personnelle. D'ailleurs, certains keyers ou transceivers modernes proposent cette possibilité par
paramétrage. Il en est de même pour les opérateurs manipulant de la main gauche.
Le manipulateur en soi est relativement simple. On est loin des magnifiques machines semi-automatiques mécaniques
du siècle dernier, mais certaines fabrications commerciales ou personnelles ne manquent pas d'élégance.
En général, le manipulateur comporte un socle lesté, deux palettes actionnant deux contacts indépendants.
Il est prévu un réglage de dureté de déplacement latéral, un réglage de hauteur de chaque palette, un réglage
d'écartement des contacts.
La partie électronique peut être logée dans un boîtier séparé ou sur le même socle que la partie mécanique.
Les transceivers modernes intégrent souvent la partie électronique, paramétrable par menu.
Les transceivers modernes comportent généralement deux prises jack, l'une pour une clé classique ou un
manipulateur double contact type "lame de scie" (voire un ordinateur ou un clavier alphanumérique),
un autre jack pour un manipulateur électronique.
C'est le cas des deux transceivers que j'utilise en fixe et en portable : KENWOOD TS2000 et YAESU FT817ND.
Des manipulateurs double palette miniatures existent également et peuvent se ranger dans la sacoche à accessoires
ou dans le sac à dos.
La manipulation iambique n'est pas obligatoire, mais elle est très agréable en trafic rapide et en concours.
Par exemple, une lettre à 4 signes telle que le "C= -.-." nécessite 4 actions en électronique classique simple
palette, contre une seule action en IAMBIC - ou plutôt soyons honnête : serrer les deux palettes simultanément
en commençant une fraction de seconde par celle de droite et relâcher après le second point (MODE IAMBIC A) ou
après le second trait (MODE IAMBIC B).
Pardon, j'ai oublié de signaler qu'il existe deux modes iambiques : le MODE IAMBIC A et le MODE IAMBIC B.
Ceci ne simplifie pas nos affaires, et même les opérateurs chevronnés ayant utilisé tous les types de
manipulateurs précédents durant des décennies se trouvent forts dépourvus lorsqu'il s'agit d'apprendre la
manipulation iambique. Ce fut mon cas fin 2009, et il m'a fallu adopter un profil bas durant au moins 3 mois lors
de mes premiers QSO's en IAMBIC B.
On considère en général qu'il est préférable de passer directement au mode B.
La différence est la suivante :
En MODE IAMBIC A, le relâché s'effectue après le dernier signe de la lettre, çà
paraît simple...
En MODE IAMBIC B, lorsqu'on relâche simultanément les deux palettes, un point est généré automatiquement
si le dernier signe précédant le relâché était un trait.
A l'inverse, un trait est généré automatiquement si le dernier signe était un point.
Cela paraît compliqué, mais dans la pratique c'est plus simple qu'il paraît dans l'explication, et çà devient
reposant en "grand trafic".
Certains keyers électroniques offrent le choix entre le mode IAMBIC A et le mode IAMBIC B, mais la plupart des
keyers intégrés aux transceivers modernes n'offrent que le mode IAMBIC B.
Pour les amateurs intéressés et courageux, j'ai tenté de réaliser un petit TUTORIEL réparti en 3 pages .htm
à partir d'un tableau sous EXCEL/pdf, dont voici les liens :
"PAGE DES LETTRES:"
"PAGE DES CHIFFRES :"
"PAGE DES SIGNES DE PONCTUATION :"
Bon courage !
En tout cas, j'ai constaté une chose évidente: autrefois, sur appel CQ avec mon MANIFLEX, il fallait souvent
relancer plusieurs fois l'appel pour obtenir une réponse. Aujourd'hui, avec mon IAMBIC B, le taux de réponses est
sans commune mesure (au moins de 70%), ce qui tendrait à prouver que la qualité de manipulation facilite la
lecture par les correspondants, quelle que soit la vitesse. Finalement, je ne peux plus m'en passer et
j'ai fait l'acquisition plus récemment d'un manipulateur iambic miniature de fabrication chinoise, que j'utilise pour le trafic en portable, notamment en QRP sur points hauts et même en mobile...à l'arrêt, évidemment !