COUTURES est un petit village d'Anjou, situé entre Les Ponts de Cé et Saumur, au Sud-est d'Angers, rive gauche de
la Loire. Il est dominé par le château de Montsabert, qui fut réquisitionné pendant la seconde Guerre Mondiale
pour constituer une étape vers le fameux Mur de l'Atlantique commandé par le Général Rommel. Il s'est passé beaucoup
de choses dans ce village, et l'on pourrait écrire un livre. Mais les souvenirs disparaissent avec ses anciens
habitants, dont une partie de ma famille.
On pourrait conter des évènements tragiques, surtout dans les environs, mais aussi de bonnes histoires dignes de
CLOCHEMERLE, ceci étant certainement accentué par le fait que cette région produit les meilleurs vins de
Cabernet et Coteaux du Layon.
C'était en 1957, j'avais tout juste 14 ans, nous passions des vacances en famille, et mes parents très tolérants
avaient accepté que je remplisse pratiquement le coffre de notre bonne vieille FORD VEDETTE 1953 de matériel radio.
Très influencé par le film "NOUS IRONS A PARIS", j'avais construit un émetteur AM composé de trois châssis,
comprenant :
- un châssis en aluminium sans coffret ni face avant, récupéré d'un poste de radio dit de "LUXE", regroupant la
partie émission :
Un VFO ECO, à tube 6SJ7, suivi d'une 6C5 et d'un final à tube 6L6. La self de sortie était bobinée "en l'air"
et l'antenne se branchait sur l'une des spires par une pince crocodile, via un condensateur d'isolement au papier.
La 6L6 était modulée dans la grille écran par un système Heising, doté d'une self à fer, par une lampe type 42
(culot américain). Ce tube était précédé de deux étages préampli à 6J7 et 6J5.
La grille au sommet de la 6J7 permettait de tester l'ampli simplement en touchant la borne, ce qui provoquait un énorme ronflement
sur toutes la gamme ondes courtes, dans le quartier.
Le microphone était constitué par un écouteur inversé, et la modulation était tout à fait acceptable.
- Un groupe d'alimentation délivrant 600 volts, composé de deux alimentations de 300 volts en série : et oui, le châssis de la seconde
était au potentiel +300 volts, et j'interdisais à tout le monde d'y toucher!
J'avais placé le tout dans une grange de la ferme, chez mon oncle Alphonse, à une centaine de mètres de l'église
du village.
La portée était sans doute insignifiante, du fait de l'antenne "FUCHS" avec son ampoule 6,3v en série, sans doute
pas très bien taillée, mais elle était suffisante pour que les habitants puissent entendre mes petites cousines
qui chantaient tour à tour au micro.
Il n'y a pas encore si longtemps, en leur rendant visite après toutes ces années, elles m'ont rappelé à quel point elles
s'étaient amusées à l'époque. Nous avions réalisé en quelque sorte notre première RADIO LIBRE au risque d'attirer
de gros ennuis à nos parents !...
Malheureusement j'ai cherché en vain des photos de l'époque, mais le développement des pellicules 6 x 9 "gros trous"
coûtait tellement cher, que nous nous limitions à une ou deux pellicules de 12 photos pour les vacances !
L'ambiance de l'émetteur dans la grange parmi les ballots de paille qui sans aucun doute amélioraient l'acoustique,
ne manquait pas de charme !